Apprendre de nos échecs… et les valoriser !
Les Anglo-saxons (disons Amérique du Nord et Royaume-Uni) sont des gens pragmatiques : ils cherchent moins de complications, d’explications que nous, et n’ont pas de jugement préétabli, en cas d’échec de l’entrepreneure. Ils ne vous dévisagent pas en disant « elle a échoué » mais vous demandent : « qu’avez-vous appris de vos erreurs ? En quoi cette expérience vous aidera-t-elle dans le futur ? », ce qui est nettement plus valorisant et vous donne une ouverture sur une suite possible.
Ils apprécient ceux qui « se plantent » et recommencent mieux.
C’est tout un état d’esprit qui est différent. Ainsi chez eux on ne dit pas « vous prenez un risque » mais bien « take a chance » ce qui, même en le traduisant littéralement, expose clairement cette différence.
Chez nous, le compte n’y est pas.
Non seulement l’échec n’est pas accepté, mais en plus on doit pratiquement subir les effets d’une défaite : ennuis financiers (banques, assurances, organismes de crédit…), jugement des pairs entrepreneurs, de l’entourage, des réseaux sociaux, et pour finir ennuis de santé : on plonge et c’est la déprime. A ce moment précis les phalanges d’un seul doigt sont suffisantes pour compter vos vrais soutiens et amis. Essayons de comprendre… et d’agir !
La défaillance d’Entreprise : des réalités diverses
La notion de défaillance d’entreprise peut être vue dans une perspective comptable, juridique, économique, stratégique, organisationnelle ou entrepreneuriale. Ceci atteste que la défaillance d’entreprise recouvre bien des réalités diverses. La notion d’échec entrepreneurial regardée à un niveau individuel est, elle-aussi, plurielle.
L’échec induit des difficultés de tous ordres, comme des difficultés de tous ordres peuvent conduire l’entrepreneur à l’échec.
L’échec doit s’analyser comme la rupture imposée de la relation entre l’entrepreneur et son entreprise. Cette rupture imposée est à la fois conséquence de difficultés non résolues et cause elle-même de difficultés pour l’entrepreneure.
Quelles sont ces difficultés et comment les surmonter ?
On peut identifier trois types d’impacts engendrés par l’échec entrepreneurial : économique, social, psychologique. Cette approche permet de bien saisir les différentes catégories de difficultés auxquelles l’entrepreneure est confrontée.
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Economiques : qu’il s’agisse des contraintes de financement pour assurer la pérennité de l’entreprise, des obligations patrimoniales engendrées par l’insolvabilité de l’entreprise. Ces obligations relèvent des garanties patrimoniales que l’entrepreneur a dû donner pour financer son entreprise, voire de sa responsabilité judiciaire quand le juge l’a reconnu personnellement responsable de l’état de son entreprise. Elles sont complétées (malheureusement) par l’absence de revenu de substitution quand l’entrepreneur ne peut plus percevoir de rémunération de l’entreprise disparue ou cédée, contraint et forcé.
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De nature sociale : en effet, si l’échec est avéré, l’entrepreneure peut être “montrée du doigt“. Cette stigmatisation générera un sentiment de culpabilité qui se traduira par un dénigrement de soi, un sentiment de honte. Elle peut aussi toucher ceux qui pourraient l’aider à rebondir en rendant difficile l’accès à de nouveaux financements, en la privant du soutien familial ou amical dont elle aurait besoin. De telles difficultés créent donc des tensions professionnelles, familiales, amicales qui concourent à l’isolement. Elles renforcent la mise à l’écart et entravent plus encore la capacité à rebondir.
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Des difficultés psychologiques sont susceptibles de conduire à l’échec ou d’être générées par lui. Un optimisme excessif, un attachement viscéral à son entreprise ou au contraire le fait d’être déçu par la réalité de son projet entrepreneurial, etc. peuvent contraindre l’entrepreneur à devoir faire face à des difficultés non négligeables (la peur de l’échec, par exemple peut l’amener à vouloir sauver à tout prix son entreprise et à ne pas s’arrêter à temps). Qu’il soit annoncé ou avéré, l’échec est source de difficultés psychologiques importantes, se traduisant par la perte de confiance, le doute de soi, le pessimisme, le stress, la baisse de motivation, l’incapacité à comprendre et à apprendre des erreurs commises.
On peut toujours s’en sortir « par le haut » : en raisonnant en termes d’entrepreneure en difficulté plutôt que d’entrepreneure en situation d’échec.
La gestion de ces difficultés implique que l’entrepreneure les reconnaisse et les identifie. L’aveuglement (ne pas saisir la réalité), le déni (refuser d’admettre la réalité) ou l’excès de confiance en soi (interpréter la réalité de façon trop optimiste) constituent autant d’obstacles aux possibilités de traitement de ces difficultés. Dans notre culture où l’échec apparaît non pas comme une possibilité d’apprentissage mais plutôt comme une condamnation, le rebond entrepreneurial est plus difficile.
Cela inclut des perspectives amont dans la mesure où la gestion des difficultés doit aussi (et surtout) être préventive. Les actions menées par l’entrepreneur en amont de l’échec méritent une attention approfondie. La peur de la faillite, par exemple, peut amener l’entrepreneure à tout tenter pour retarder une échéance qu’il considère comme fatale. Elle perd ainsi les chances de redressement ou aggrave les conséquences d’une sortie trop tardive, engendrant alors des coûts (de tous ordres) plus importants.
La période de sortie de l’entreprise n’implique pas que l’entrepreneur n’est plus acteur de son destin. Ainsi, en droit français, la procédure de sauvegarde est déclenchée par l’entrepreneur lui-même, sans qu’il craigne d’être exclu de la direction de son entreprise. L’engagement de l’entrepreneur dans le cadre d’un dépôt de bilan peut se traduire par la proposition d’un plan de redressement de l’entreprise. De même, la déception entrepreneuriale qui peut le conduire à vouloir la céder implique des choix en termes de modalités et de calendrier. Pendant cette phase plus ou moins longue de sortie, l’entrepreneur reste acteur à des degrés divers.
Il faut s’intéresser également à la phase post échec en cherchant à comprendre quelles actions vous avez entreprises, comment vous avez géré les conséquences des difficultés avec quelles projections vers un futur souhaité. Cela n’est pas à considérer seulement dans la poursuite d’une opportunité (ou sa co-construction), mais aussi dans des situations potentielles ou avérées d’échec entrepreneurial.
La gestion de ces difficultés sera facilitée si l’entrepreneur est accompagné, puisqu’il est dans un processus d’échec potentiel ou qu’il essaie d’en sortir. On distinguera dans ce travail d’accompagnement 3 phases temporelles :
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Phase amont : prendre conscience, identifier, traiter
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Phase de sortie contrainte : négocier, vendre, liquider
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Phase aval : amortir l’impact, comprendre et apprendre, rebondir.
Il n’y a donc pas de fatalité. Il faut d’abord rester conscient et en éveil, ne pas hésiter à demander de l’aide ou un conseil et ce dès que les premiers signes de difficulté se font visibles. Ensuite prendre les bonnes décisions avec un éclairage différent, pas toute seule de préférence.
Ces actions vous permettront de montrer non pas un échec, mais comment vous avez tenté de le surmonter, ce que vous avez appris, ce que vous voulez faire ensuite.
Cela change complètement l’image que vous renvoyez, d’abord à vous-même et ensuite aux « autres » qu’ils soient présents ou sur les réseaux sociaux.
Gardez le sourire et votre force !