Qui dit entrepreneure, ne dit pas forcément féministe. Cependant, parfois c’est le cas et alors cela fait souvent des étincelles. Pour appliquer les revendications féministes à la vie, certaines entrepreneures n’hésitent pas à révolutionner des secteurs jusque-là particulièrement sexistes.Depuis ce 4 novembre à 9h10, toutes les femmes travaillent gratuitement en France. Pas par bonté de cœur, mais à cause des inégalités salariales, la précarisation des femmes… Alors, malgré le passage de la Seconde vague du féminisme dans les années 1970 pour un accès plus large au monde du travail, l’égalité n’est toujours pas là. Le féminisme s’attaque aujourd’hui aux secteurs dont le sexisme est particulièrement présent. Pour cela quoi de mieux que l’entrepreneuriat féminin ? 4 secteurs en pleine révolution féministe.
L’industrie audiovisuelle
Parmi les chantiers urgents du féministe, l’industrie audiovisuelle arrive en tête. C’est bien connu, la culture est le miroir d’une société, à la fois produits et créateur. Cette idée est d’autant plus vraie pour le cinéma et la télévision, au centre de la construction de nos imaginaires. Or, il se trouve que cette industrie est dénoncée comme particulièrement sexiste. On y trouve des femmes, mais principalement comme actrices. Elles occupent 38 % des 14 postes clés dans les fictions françaises selon une étude de l’INA de 2021. Si derrière l’écran, elles sont relativement présentes en nombre, elles sont soumises à la vision du scénariste et du réalisateur. Ces derniers, le plus souvent des hommes, cantonnent les personnages principaux féminins au rôle d’objet sexuel. La journaliste et l’autrice Iris Brey a résumé ce concept avec le male gaze, le corps féminin filmé selon le désir masculin hétérosexuel. Depuis quelques années, les critiques féministes sont prises en compte. Cependant, peu nombreux sont les films à réussir le test de Bechdel, qui mesure le niveau de sexisme d’une œuvre à l’aide de 3 simples questions. Alors, tout un pan de l’industrie du film et de la télévision est en pleine réinvention. Pour certaines entrepreneures, l’objectif est de proposer une représentation féminine affranchie des stéréotypes comme les réalisatrices Rebecca Zlotowski et Johanna Makabi. D’autres ouvrent aux femmes les portes des différents métiers derrière la caméra, en constituant des équipes féminines indépendantes.
L'édition
Si les films sexistes sont continuellement pointés du doigt, les livres ne s’en sortent pas mieux. De la poitrine plantureuse de Falbala dans Astérix et Obélix aux attaques des féministes de Michel Houellebecq, tous les livres ne passent pas le test de Bechdel. Les raisons sont les mêmes que pour le cinéma. L’absence des femmes aux postes de décisions dans les maisons d’édition, ainsi qu’un plus grand nombre d’écrivains reproduit les inégalités de la société. Cette situation est étonnante puisque le secteur du livre compte en majorité des femmes. La tendance tend donc à s’inverser avec de plus en plus de femmes comme éditrices. Toutefois, là encore ce n’est pas suffisant. Selon entreprendre.fr, sur les 74 % de femmes dans le monde de l'édition, seule 9 % dirigent une entreprise. Le sexisme étant intériorisé, la féminisation d’un secteur ne signifie pas automatiquement la fin de la misogynie. Alors, des maisons d’éditions ouvertement féministes émergent. Elles sont composées en majorité de femmes et elles publient uniquement des livres en accord avec leurs féministes comme Les Femmeuses et Hors d’atteinte. L’entrepreneuriat permet aussi aux autrices de se lancer dans l’auto-édition.
La pornographie
82% des Français-es entre 18-30 ans disent consommer de la pornographie. Parmi eux, il y a de plus en plus de femmes, certaines au nom du féminisme. D’autres s’opposent à la consommation de pornographie également au nom du féminisme. Les unes, parce qu’elles défendent une liberté sexuelle à tout prix. Les autres, parce qu’elles s’opposent à toute instrumentalisation et violences du corps féminin à tout prix ainsi que le dénonce l’autrice et l’ancienne actrice porno Ovidie. Les deux discours s’accordent avec les valeurs féministes. Ce débat pourrait être sans fin ainsi, mais des entrepreneures ont trouvé une alternative. Elles produisent du contenu pornographique féministe dans le sens où la priorité est le respect du consentement des acteurs et des actrices. De plus, la sexualité mise en scène tente d’explorer le plaisir féminin autrement que par la domination masculine. C’est le cas de Carré Rose Films qui souhaite promouvoir une représentation inclusive. Dans la même logique, des entrepreneures ont même choisi de se tourner vers des formats papiers ou sonores comme Voxxx pour éviter toute exploitation d’un corps.
La mode
La mode a toujours été considérée comme un domaine féminin. Pourtant, dans ce secteur, comme dans tous les autres, l’industrie est construite au détriment des femmes. Les tendances sont certes le fruit d’une situation économique et sociale donnée. Mais pas que. Elles sont aussi, sans surprise, selon les militantes féministes modelées selon le désir masculin. Rien de bien dérangeant pour une femme hétérosexuelle. Toutefois, la mode devient problématique quand elle a un impact sur la santé physique et mentale, d’une part. Malgré les efforts, les publicités continuent surtout en avant un type de beauté quasi inatteignable, sauf pour celles qui acceptent de souffrir pour être belle. D’autre part, elle l’est davantage quand elle incite constamment à la consommation participant à la précarité des femmes. Dans son livre Beauté Fatale, la philosophe Mona Chollet compare le rapport des femmes aux vêtements à celui d’un alcoolique avec sa boisson tant elles y consacrent de l’argent, du temps et de l’énergie. Et puis surtout, lorsque pour permettre une surconsommation, l’industrie de la mode est dans la surproduction. Elle pollue donc massivement, étant responsable de 1,2 milliards de tonnes de C02 d’émission par an selon l’Oxfam France, de la pollution mondiale et exploite principalement des femmes dans ses usines. Des entrepreneures engagées se sont donc senties obligées de venir chambouler cette industrie. Parmi elles, Emmanuelle Fylla Saint Eudes et de sa marque de prêt-à-porter Efyse Paris destinée aux grandes oubliées de l’industrie de la mode, les femmes de plus de 50 ans.Le féminisme n’ouvre pas que des portes aux femmes, il donne des idées et des bonnes. En effet, à cause du sexisme de la société, tant de possibilités restent inexploitées et des discriminations à corriger. Le monde est en train de changer et ce sera peut-être grâce à votre entreprise.
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- https://www.google.com/amp/s/www.beaboss.fr/Thematique/actualites-1056/Breves/Emmanuelle-Fylla-l-entrepreneure-qui-reinvente-la-mode-avec-Efyse-375806/amp.htm