Entrepreneuriat : Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes ? Les 5 freins au développement économique des activités des entrepreneures


Posted by Shourav on 31st may, 2020


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Le sexisme explique les inégalités de revenues entre les femmes et les hommes dans le salariat. Mais pourquoi l’entrepreneuriat ne permet-il pas de contourner cette loi implacable du patriarcat ? Certainement parce que, là aussi, les femmes sont confrontées à des obstacles.

Ça n’a pas pu vous échapper. Depuis quelques temps, le mot d’ordre en entrepreneuriat est d’encourager les femmes à entreprendre. Loin d’être un traitement de faveur, tout le monde est encouragé à entreprendre de nos jours, jeune comme vieux, riche comme pauvre. Mais dans le cas des femmes, les institutions publiques et privées insistent dessus pour deux raisons. D’une part, il peut être un outil d’émancipation féminine qui contribue à lutter contre les inégalités entre les sexes. D’autre part, les femmes, toujours elles, rencontrent plus de difficultés à entreprendre. Les chiffres parlent d’eux même. Un tiers des entreprises en 2021 sont dirigées par des femmes. En 2022, on ne compte qu’une seule femme au CAC40. Les femmes gagnent environ un tiers de moins que les hommes comme l’indique le recourt aux aides sociales et les organismes de soutien. Ainsi, le problème ne porte pas seulement sur l’accès au domaine, mais la viabilité économique. Les quelques femmes qui osent se lancer dans l’entrepreneuriat génèrent moins de revenues que les hommes. Les femmes sont les plus précaires dans l’entrepreneuriat. La plupart des auto-entreprises, six sur dix, sont gérées par des femmes, alors qu’à l’origine ce statut devait servir à tester une idée ou compléter un travail salarié. Comme si les femmes choisissaient d’entreprendre à moitié. Ce n’est pourtant pas le cas. Les entrepreneures doivent gérer des obstacles au développement de leur activité : 5 en particulier qu’on vous présente.

1. L’argent

C’est le sujet qui fâche. Cependant, impossible de faire l’impasse dessus quand il est question de business. Le but d’une entreprise est de générer des revenus. Les campagnes de communication qui transforment les entreprises en quasi bon samaritain ne sont qu’une façade. S’il est bien sûr important de fonder son entreprise sur des valeurs fortes et une mission déclarée, il ne faut pas perdre de vue le nerf de la guerre. Les problèmes financiers sont la principale cause de dépôt de bilan selon la CCI. Or, les entrepreneures ont tendance a oublié cette donnée. L’argent est associé à l’ambition et on connait l’image négative attribuée à la femme ambitieuse. Cette image est encore pire lorsqu’il est question d’argent. Là où un homme sera loué comme un « loup de Wall Street », une femme est prerçue comme une « gold digger ». Pas étonnant que les femmes se dirigent vers le secteur associatif ou l’auto-entrepreneuriat de manière quasi automatique. De plus, en parallèle de cette crainte d’assumer son désir de gagner de l’argent, les femmes voient souvent plus petit. L’Insee nous apprend que « les créatrices d’entreprises sont plus diplômées que les créateurs, et portent des projets plus modestes. » En effet, pour se projeter à la tête d’une multinationale, il faut de l’argent. Un argent qu’elles ne s’imaginent ni gagner ni obtenir auprès des banques qui font moins confiance aux femmes.

  2. La posture de leader

Lorsque l’on imagine un leader, on appréhende d’emblée le mot au masculin. Le leader reste donc un homme dans nos esprits. Les hommes, plus que les femmes, sont constamment invités à investir une posture de leadership. La principale manière de diriger mise en avant reste celle héritée du passé, à savoir des chefs militaires, des orateurs au charisme de l’alpha. Cette vision reste imprégnée de nos représentations de la virilité. Il est donc difficile pour les femmes d’assumer de s’y identifier puisque l’injonction à être féminine persiste. Dans les films et les séries à la Scandal, plus une femme a du pouvoir, plus elle est rendue séduisante pour compenser. Ainsi, même lorsque les femmes dirigent, cette position n’est pas montrée comme naturelle ou destinée à leur propre profit. Dans un entretien accordé au magazine Madame Figaro, la Déléguée Générale de l’association Femmes des Territoires, Céline André, indique que des femmes disposant d’une entreprise ne se voit pas comme chef d’entreprise. « Les études montrent que l'entrepreneuriat des femmes concerne majoritairement des entrepreneures solos. Elles créent des entreprises qui n'ont pas forcément un business model bien établi et malheureusement, leurs revenus sont souvent assez faibles. » Les femmes, ayant plus de difficultés à se voir comme des cheffes d’entreprise, ont donc plus de difficultés à sauter le pas de l’embauche. Or, l’élargissement de l’équipe est justement l’étape obligée pour passer de petite à moyenne ou grande entreprise.

3. La vie familiale

On ne veut pas provoquer des ruptures, mais c’est avéré. Les femmes en couple ou avec des enfants à charge auront plus de difficultés à développer leur entreprise. Le problème n’est pas les relations amoureuses et familiales. Au contraire, du côté des hommes le mariage peut accélérer leur carrière. Le problème est davantage la manière dont les femmes sont tenues de s’engager dans la sphère intime. Pour la grossesse, il y a peu de possibilité de négocier son degré d’implication une fois lancée dans l’aventure. Néanmoins, pour le partage des tâches domestiques et l’implication dans l’éduction des enfants entre les femmes et les hommes, il y a matière à discuter. Dans le podcast d’Arte Radio « Trouble dans le couple », on apprend qu’un tiers du travail des femmes n’est pas rémunéré, contrairement à celui des hommes. Même indépendamment de ce travail non-rémunéré des femmes, la sociologue de l’amour, Eva Illouz, explique que les femmes s’impliquent davantage dans leurs relations amoureuses. Sans un ou une partenaire qui manifeste le même engagement qu’elles, les femmes investissent seules leur énergie, leur temps et leur argent à l’entretien de la flamme que ça soit par les « il faut qu’on parle » ou les longues séances de shopping. Autant d’investissement qui est perdu pour l’entreprise.

4. Le cloisonnement à certains domaines

Les femmes peuvent faire tout ce qu’elles veulent. En théorie, seulement. Dans les faits, en plus des discriminations auxquelles elles font face, elles sont conditionnées à se diriger vers certains domaines en particulier. Les femmes migrantes sont dirigées vers la restauration, la couture ou le service à la personne au travers de nombreux programme d’insertion social. Ce sont justement les métiers dont les Français sont de moins en moins friands comme le rappelle la chercheuse Sara Farris dans son analyse du féminisme d’État. L’ensemble des femmes se retrouve dans le prêt-à-porter, le cosmétique et l’action sociale selon les données du baromètre de l’Infogreffe 2021. Coïncidence ou non, il s’agit précisément des secteurs qui correspondent aux stéréotypes de genre. Bien sûr, il est possible d’en dévier ou de s’y engager de son plein gré. Néanmoins, cette féminisation de certains secteurs en particulier, signifie l’absence des femmes dans tous les autres. Les entrepreneures sont justement moins nombreuses à entreprendre dans les secteurs les plus rentables comme la construction et la tech. Les possibilités d’expansion des entreprises féminines n’en sont que réduites.

5. L’accès au digital

  Le domaine où l’absence des femmes est le plus funeste à l’entrepreneuriat féminin est certainement le numérique. Elles sont dans 10% des entreprises innovantes et de la tech en 2021. La vie digitale concurrence presque la vie réelle quand on pense à la quantité de services numérisées et au temps d’écran de chaque utilisateur. Une entreprise se doit donc d’exister sur Internet et les réseaux. Le baromètre du numérique 2022 des TPE et PME nous apprend que 86 % des entreprises sont présentes en ligne. Mais seule 40 % de ces entreprises mobilisent leurs ressources en interne pour le numérique. De plus, certaines entreprises s’offrent le luxe de n’avoir qu’un site internet ou que des réseaux sociaux. Ces derniers rendent dépendant de l’algorithme de la plateforme et ne garantissent pas la conservation éternelle de nos données. Disposer d’une plateforme digitale est indispensable à la pérennité d’une entreprise et à son développement, notamment géographique. Les réseaux sociaux sont quant à eux le point de départ obligé de la visibilité en ligne. Et malgré ces données, les entrepreneures sont moins nombreuses dans les formations au digital et dans les entreprises numériques.Pas facile d’être une entrepreneure ! Mais maintenant que vous connaissez les freins, il ne vous reste plus qu’à les déjouer. Surtout qu’une fois vraiment lancée, les entreprises féminines sont plus rentables que celles de la gente masculine.www.contretemps.euwww.adie.orggroup.bnpparibastheconversation.commadame.lefigaro.fr

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